mercredi 8 mai 2019

C’etait il y a un an... | x vos témoignages sur les violences gynécologiques

[TW: sang, milieu hospitalier, douleurs physiques, violence morale, violence physique]

La capacité du cerveau qu’on appelle Mémoire Traumatique s’est effacée par endroit. Vous m’en excuserez. Je fais au maximum pour raconter avec les mots justes ce qu’il s’est passé. 

Certains seront là par curiosité malsaine, d’autres en espérant se retrouver dans mon histoire, d’autres pour comprendre. Je sais que je m’expose beaucoup en publiant cet article. Je l’ai réécrit plusieurs fois, pour qu’il soit le plus concis possible.

C’était il y a un an maintenant. Un an jour pour jour. Et c’est le cœur encore écorché de ces blessures qui ne guériront jamais que j’écris aujourd’hui, pour poser des mots sur ce que j’ai vécu. C’est peut-être un moyen pour continuer d’essayer de faire mon deuil.

Si vous questionnez un peu autour de vous, si vous traînez sur les réseaux sociaux, si vous lisez un peu de presse, vous apprendrez assez facilement que près de la moitié des femmes ont déjà connu des violences gynécologiques de toutes sortes (verbales, attouchements, viols, excision, épisiotomie non nécessaire...)

C’est non sans difficulté qu’au travers de ce billet sur le blog que j’ai envie de vous parler un petit peu de moi, et j’espère amener d’autres femmes a témoigner aussi, car nous devons libérer la parole des femmes. 

Le 8 mai 2018 était une journée tout a fait banale. Petit plus quand même dans mon train-train quotidien, je portais la vie depuis environ deux mois. Durant ces deux mois de première grossesse, j’ai connu plusieurs douleurs assez intenses dans le ventre, parfois à n’en plus savoir marcher, ce qui m’aura valu des visites à l’hôpital (Dechy Saint Le Noble, je ne tairais pas le nom), une fois même emmenée par les pompiers, ces visites qui se sont toujours terminées par le même diagnostic: « prenez des spasfons et rentrez chez vous». Ces fois à l’hôpital bien que non agréable comme tous les passages en hôpitaux, s’étaient relativement bien passés.

C’est ce 8 mai, que tout ne s’est pas correctement passé. J’ai eu des douleurs, puis des saignements, pas besoin d’être diplômé d’harvard pour savoir que quelque chose n’allait pas correctement, l’instinct suffit, alors on se rend à l’hôpital, en voiture (mauvaise idée dans cette situation mais la route s’est « bien passée »). Et arrivés à l’hôpital, le calvaire commence.

Nous sommes arrivés en fin de matinée, je me vidais de mon sang dans les couloirs sur une chaise, les douleurs étaient les pires que je n’ai jamais connues. Personne. Les couloirs étaient vides. On arrive, on passe l’accueil, et on nous installe là en disant que quelqu’un va rapidement venir me prendre en charge. Personne. Une heure passe, personne. Des douleurs, toujours de plus en plus fortes. Rester assis est compliqué et marcher est impossible. Je me vide de mon sang, j’ai mal, personne. Au bout de plus d’une heure mon chéri qui m’accompagnait aperçoit une personne que l’on pense être un médecin, il lui explique la situation, que je suis certainement en train de perdre le bébé, que je perds beaucoup trop de sang et que j’ai très mal, ce a quoi il obtient un « vous savez monsieur, j’ai d’autres choses à régler, on est le 8 mai en sous effectif, j’ai des dossiers à entrer dans l’ordinateur », puis il est parti. Dans les couloirs, personne. C’est au bout de près de deux heures d’attente, que ce même médecin revient, c’était donc lui qui me prendrait en charge. Il me fait me déshabiller le bas et m’installer. Il était assez agacé parce que je ne devais pas aller assez vite a son goût. Puis commence l’examen, un examen interne, sans prévenir, sans rien me dire, je lui ai dit que j’avais mal, ce a quoi il a répondu «il faut vous détendre madame, c’est de la comédie ça ne fait pas mal », voilà en 2018 les mots qu’on dit a une femme en train de perdre son enfant, a qui on enfonce une sonde échographique de force dans le vagin. La totalité de l’examen était un calvaire, aucune douceur, aucun tact face a la situation, et il était agacé par le fait que je lui disait avoir mal, que je pleurais et que je faisais du bruit. Il appuyait sur mon bas ventre en même temps, avant de sortir un « c’est bon tout va bien l’uterus est vide » comprenez en bon français « nikel, votre gosse est mort ». Suite à ça, il a étalé du papier essuie-tout sur le sang (...) qui était au sol, m’a passé un coup de papier également sur les parties intimes sans aucune douceur (après tout ça ne fait pas mal, hein). Le pire examen de ma vie. Je venais de perdre mon enfant, et je venais d’être traitée comme une moins que rien par un médecin agacé de sa journée. Suite à ça on a passé 3 heures à attendre dans une salle, sans que personne ne vienne nous voir pour expliquer la suite des événements. « Le sous effectif » on nous répétait dès qu’on voyait quelqu’un. 

Je suis tout a fait consciente des sous effectifs en milieu hospitalier, ce n’est pas nouveau. Mais a quoi bon vous engager dans un métier dans lequel vous avez la vie de gens entre vos mains, si c’est pour bâcler autant le travail.

Lorsque l’on vit une fausse couche, un examen est demandé plusieurs semaines après. J’y suis allée, en trainant les pieds car j’avais la boule au ventre de re tomber sur ce médecin. Au final, c’était un autre. La consultation commence, il me fait un examen sans me parler, examen par voie basse sans me prévenir (visiblement c’est une pratique courant dans cet hôpital de pénétrer sans consentement), et pendant l’examen il ne dit rien. Puis il appelle un collègue, il lui dit qu’il a besoin d’aide car il n’arrive pas a faire l’échographie. Alors il laisse la sonde là ou elle est, il nous dit que son collègue va arriver pour l’aider. Pour ma part je suis en position d’examen gynécologique, donc a moitié nue, avec une sonde, puis on attend. Au bout d’un moment le collègue arrive, il a mis près d’un quart d’heure à arriver, de mon côté j’étais dans une situation inconfortable qui ne dérangeait visiblement pas le médecin. Lorsque son collègue arrive ils discutent ensemble, puis ils continuent l’examen, du moins le reprennent, rebelote le collègue ne sait pas analyser une échographie. Ils appellent donc un autre collègue, pour moi c’était trop, j’ai demandé à me rhabiller en attendant ce collègue, qui a mis un bon moment avant d’arriver... l’examen s’est finalement terminé avec la personne qui m’avait prise en charge la fois d’avant. Toujours sans aucun tact. Ils étaient trois dans la pièce : deux incapables qui discutaient entre eux, et lui. Je pense ne pas avoir besoin de préciser l’inconfort de la situation.

Au delà de l’examen irrespectueux, violent et douloureux, je voudrais m’attarder un petit instant sur la fausse couche. J’ai appris en passant par cette épreuve que beaucoup de femmes en font, souvent a la première grossesse, pourtant dans votre entourage en entendez vous parler? Pour ma part non, et une fois que j’ai osé en parler, des femmes et jeunes femmes de mon entourages ont osé en parler. Alors parlez, n’hésitez pas. Vous n’êtes pas seule dans cette épreuve. Accrochez vous. Pour ma part, je construit encore mon deuil et je ne souhaite pas forcément la verbaliser alors parfois je refuse certaines conversations surtout avec des femmes qui n’en ont pas vécu car je ne me sens pas forcément comprise. Je me dis que ce n’était pas le bon moment. Que mon corps n’était pas près. Que la vie l’a décidé ainsi, et surtout qu’il n’a pas souffert. N’oubliez jamais que vous n’êtes pas coupable.
 Bien que la part de culpabilité est pourtant bien présente, parfois inconsciemment accentuée par la familletu feras attention la prochaine fois »...

Et il y a cette déception, se sentir impuissant, et incapable de porter la vie. Incapable de faire vivre. Incapable d’aller au terme. Et la déception, j’avais annoncé a mes parents qj’ils allaient être papi et mamie, c’eya La première fois qu’ils entendaient ces mots, puis entre temps ils le sont devenus de deux autres p’tits gars... 


La culpabilité et la déception sont les deux  premiers sentiments a survenir après la tristesse, et la honte.  


Suite a cet examen, on m’en a prescrit deux autres, auxquels je ne me suis pas présenté, et pendant un an je n’ai osé aller voir aucun spécialiste gynécologue. Par peur, par honte.

Je ne connais pas les noms de ces médecins, et était bien trop fatiguée par cette histoire pour entamer des démarches contre l’établissement hospitalier. Alors j’ai laissé coulé, j’ai pourtant entendu que je ne suis pas la seule a qui c’est ce genre de violences est arrivé dans cet hôpital. 


Ne nous taisons pas. N’ayons pas honte d’en parler.


Pour continuer cet article, je vous partage des témoignages que j’ai reçu concernant les violences gynécologiques. 19 reçus en trois jours, à ma petite échelle. Cela montre que NON ce n’est pas rare et qu’il faut en parler.  Elles sont vécues, ou parfois vues de l’intérieur par le milieu soignant. Ils sont a glacer le sang. Ils ne sont pas isolés, merci à celle.ux qui ont osé en parler. N’oubliez jamais qu’il n’y a pas de « petite violence », dès qu’elle est présente c’est déjà de trop. 









































Après quelques recherches j’ai beaucoup vu ce site qui revient souvent comme étant une bonne source pour trouver un spécialiste compétant et compréhensif, safe: https://gynandco.wordpress.com/trouver-une-soignante-2/liste-des-soignantes/ 
N’oubliez pas que même si cet article est alarmant il est important de rappeler qu’il n’y a pas que des mauvais professionnels, bien heureusement.


Prenez soin de vous, 
Héoly  ♡ 

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